pondělí 21. května 2012


État du Maine (USA)

Situation générale


Le Maine est un petit État (86 156 km²) de la Nouvelle-Angleterre situé au nord-est des États-Unis: il est borné à l’ouest et au nord par la province de Québec, à l’est par le Nouveau-Brunswick, au sud par l’océan Atlantique et au sud ouest par l’État du New Hampshire. Les autres États voisins sont le Vermont, le Massachusetts, le Rhode-Island et le Connecticut. C’est le 39e État américain par sa superficie et sa capitale est Augusta. On raconte que le nom de Maine rappelle l’ancienne province du Maine en France, qu’aurait possédée la reine Henriette Maria, l’épouse du roi d’Angleterre Charles Ier. Mais il n’a jamais existé de transaction officielle enregistrant ce supposé titre de propriété. Il faut donc chercher une autre origine au mot Maine (voir plus loin).
 
Plus de 92 % de la population de cet État de 1,2 million d’habitants parle l’anglais comme langue maternelle. Le français est la seconde langue maternelle avec 5,2 % des locuteurs, dont beaucoup d’Acadiens. Suivent l’espagnol (0,8 %), l’allemand (0,3 %), l’italien (0,1 %), le chinois  (0,1 %), les langues amérindiennes  (0,1 %), le khmer  (0,0 %), le vietnamien (0,0 %), etc.

D’après le recensement des États-Unis de 1990, sur le million de citoyens de l’État du Maine âgés de cinq ans et plus, 336 000, environ le tiers, seraient d’origine française, franco-québécoise ou acadienne. Ils couvriraient tout le nord (près de la rivière Saint-Jean) ainsi que pratiquement tout le sud de l’État. De ce nombre, environ 80 000 utilisaient encore le français couramment; lors du recensement de 2000, on en comptait 63 640, soit 5,2 %. On trouve des concentrations de Franco-Américains dans les nombreux villages et hameaux qui longent la rive de la Saint-Jean (Madawaska, Caribou, Presqu’Isle, etc.), la région de Jackman près du Québec et certaines agglomérations tells que Bangor, Augusta (la capitale), Lewiston, Portland et Biddeford. Dans tous les États-Unis, le Maine est certainement l’État le plus «francogène», ce qui se comprend puisque toute la portion nord du territoire fait «géographiquement partie» du Québec et du Nouveau-Brunswick.

Bref historique

Le territoire du Maine a été découvert en 1498 par le navigateur italien Jean Cabot (en italien Giovanni Caboto) pour le compte de la Couronne anglaise. En 1604, Pierre de Monts fonda la première colonie française du Maine dans l’île Sainte-Croix; en 1607, de nombreux Acadiens s’installèrent dans la région revendiquée également par les Anglais de la Nouvelle-Angleterre. La Compagnie de Plymouth exploita une partie du territoire dont l’économie reposait essentiellement sur la traite des fourrures et l’exploitation du bois d’œuvre. Bien avant l’arrivée des Européens, le territoire était occupé par les Algonquins.

L’origine du mot Maine est un peu complexe. Ce terme apparut pour la première fois en 1622 dans une charte du Conseil de la Nouvelle-Angleterre accordant la région à deux individus: sir Ferdinando Gorges et le capitaine John Mason. La portion de terre attribuée au capitaine Mason en 1629 fut désignée par «New Hampshire»; quant à celle de Gorges, elle fut appelée «New Somerset». Toutefois, le roi Charles Ier, dans une charte de 1639, affirmait que le territoire «sera pour toujours appelé et nommé ‘‘province ou comté de Mayne’’ et non par un autre nom». C’est qu’il existait en Angleterre un petit village du nom de Maine. La famille de Ferdinando Gorges était originaire d’un village voisin appelé Broadmayne, lequel était aussi connu à cette époque sous les appellations de Maine, Meine et Maen dans Parva Maen («Petit Maine»). Il est probable aussi que Maine provienne d’un terme maritime: «the Main» (en français: «principal») issu de Main Land («terre principale») écrit «Meyne» ou «Mainland» («le continent»), qui a servi pour distinguer la plus grande partie de l’État (continent) par comparaison aux nombreuses îles du Sud-Est. En 1665, les commissaires du roi ont ordonné que la «Province of Maine» soit inscrite dans les registres officiels. Le terme de Maine aurait été conservé tel quel jusqu’à aujourd’hui.

En 1658, le Maine fut annexé par l’État du Massachusetts. À l’été de 1696, au cours de sa campagne navale, le Canadien Pierre Le Moyne d’Iberville se rendit dans les installations acadiennes de Pentagoët (aujourd’hui Castine) et du Fort Pemaquid (aujourd’hui Pemequid).

Le mouvement d’indépendance envers le Massachusetts a débuté en 1785 environ, mais la séparation n’est devenue effective qu’en 1819, le Maine intégrant l’Union le 15 mars 1820 et devenant par là même le 23e État américain. Au terme d’une longue controverse territoriale entre les États-Unis et la Grande-Bretagne concernant le Maine et la province canadienne du Nouveau-Brunswick, la frontière de l’État fut définitivement fixée lors du traité de Webster-Ashburton en 1842. Ce traité mettait fin au conflit entre le Canada et les États-Unis concernant la frontière entre les deux pays, mais coupa en deux la communauté francophone du Nouveau-Brunswick: les Acadiens de la rive droite de la rivière Saint-Jean devinrent citoyens américains, ceux de la rive gauche, canadiens. À l’époque, beaucoup d’Acadiens se sentirent trahis par les négociateurs britanniques qui devaient en principe représenter leurs intérêts: les Britanniques furent accusés d’avoir trop cédé aux Américains. De son côté, l’État du Maine n’avait récupéré que la moitié du territoire disputé.

Le Maine a connu une forte croissance économique jusque dans les années 1860, fournissant le pays en bois de charpente, en textile, en produits de la pêche et en construction navale. Il a par ailleurs été le premier État américain à édicter une loi de prohibition en 1851. Après la guerre de Sécession toutefois, l’émergence des navires en coque d’acier et le départ de l’industrie textile hors de la Nouvelle-Angleterre ont contribué à son déclin économique.

Dans les années 1870, les Canadiens français affluèrent en grand nombre dans le Maine. Ils y ont joué un rôle de premier plan dans l’industrie moderne de la fin du XIXe siècle, surtout dans le textile. Cependant, au fil des ans, leur présence a suscité du rejet. La population anglophone locale les considérait comme des paysans, des crétins ou de mauvais patriotes. En 1919, l’État du Maine adoptait une loi obligeant les écoles à enseigner en anglais. Durant des décennies, les journaux caricaturèrent les Franco-Américains jusque que des campagnes de protestations réussissent à faire cesser cette pratique. Pour éviter ces désagréments, beaucoup de francophones ont préféré s’assimiler et de fondre dans le creuset américain.

Au cours du XXe siècle, le Maine a connu une langue période de récession après la Seconde Guerre mondiale. Les années quatre-vingt ont, en revanche, été marquées par un retour à la prospérité dans l’ensemble de la Nouvelle-Angleterre; c’est ainsi que l’État du Maine est passé, entre 1980 et 1989, du 39e au 21e rang national pour le revenu par habitant. Par ailleurs, au plan linguistique, on assiste à une recrudescence du fait français dans le Maine. Ainsi, en 2002, l’État a inauguré une journée annuelle franco-américaine au cours de laquelle le serment du drapeau américain se fait en français; l’hymne national est interprété en anglais et en français.



Source: Département de Langues, linguistique et traduction Faculté des Lettres, Université Laval, Québec (Québec), Canada

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