État du
Maine (USA)
Situation générale
Le Maine est un petit État (86 156 km²) de la Nouvelle-Angleterre
situé au nord-est des États-Unis: il est borné à l’ouest et au nord par la
province de Québec, à l’est par le Nouveau-Brunswick, au sud par l’océan
Atlantique et au sud ouest par l’État du New Hampshire. Les autres États
voisins sont le Vermont, le Massachusetts, le Rhode-Island et le Connecticut. C’est
le 39e État américain par sa superficie et sa capitale est Augusta.
On raconte que le nom de Maine rappelle l’ancienne province du Maine en
France, qu’aurait possédée la reine Henriette Maria, l’épouse du roi d’Angleterre
Charles Ier. Mais il n’a jamais existé de transaction officielle
enregistrant ce supposé titre de propriété. Il faut donc chercher une autre
origine au mot Maine (voir plus loin).
Plus de 92 % de la population de cet État de 1,2
million d’habitants parle l’anglais
comme langue maternelle. Le français est la seconde langue maternelle avec 5,2
% des locuteurs, dont beaucoup d’Acadiens. Suivent l’espagnol
(0,8 %), l’allemand (0,3 %), l’italien (0,1 %), le chinois (0,1 %), les
langues amérindiennes (0,1 %), le khmer (0,0 %), le vietnamien (0,0
%), etc.
D’après le recensement des États-Unis de 1990, sur
le million de citoyens de l’État du Maine âgés de cinq ans et plus, 336 000,
environ le tiers, seraient d’origine française, franco-québécoise ou acadienne.
Ils couvriraient tout le nord (près de la rivière Saint-Jean) ainsi que
pratiquement tout le sud de l’État. De ce nombre, environ 80 000 utilisaient
encore le français couramment; lors du recensement de 2000, on en comptait 63
640, soit 5,2 %. On trouve des concentrations de Franco-Américains dans les
nombreux villages et hameaux qui longent la rive de la Saint-Jean (Madawaska,
Caribou, Presqu’Isle, etc.), la région de Jackman près du Québec et certaines
agglomérations tells que Bangor, Augusta (la capitale), Lewiston, Portland et
Biddeford. Dans tous les États-Unis, le Maine est certainement l’État le plus
«francogène», ce qui se comprend puisque toute la portion nord du territoire
fait «géographiquement partie» du Québec et du Nouveau-Brunswick.
Bref
historique
Le territoire du Maine a été découvert en 1498 par
le navigateur italien Jean Cabot (en italien Giovanni Caboto) pour le
compte de la Couronne anglaise. En 1604, Pierre de Monts fonda la première
colonie française du Maine dans l’île Sainte-Croix; en 1607, de nombreux
Acadiens s’installèrent dans la région revendiquée également par les Anglais de
la Nouvelle-Angleterre. La Compagnie de Plymouth exploita une partie du
territoire dont l’économie reposait essentiellement sur la traite des fourrures
et l’exploitation du bois d’œuvre. Bien avant l’arrivée des Européens, le
territoire était occupé par les Algonquins.
L’origine du mot Maine est un peu complexe.
Ce terme apparut pour la première fois en 1622 dans une charte du Conseil de la
Nouvelle-Angleterre accordant la région à deux individus: sir Ferdinando Gorges
et le capitaine John Mason. La portion de terre attribuée au capitaine Mason en
1629 fut désignée par «New Hampshire»; quant à celle de Gorges, elle fut
appelée «New Somerset». Toutefois, le roi Charles Ier, dans une
charte de 1639, affirmait que le territoire «sera pour toujours appelé et nommé
‘‘province ou comté de Mayne’’ et non par un autre nom». C’est qu’il existait
en Angleterre un petit village du nom de Maine. La famille de Ferdinando
Gorges était originaire d’un village voisin appelé Broadmayne, lequel
était aussi connu à cette époque sous les appellations de Maine, Meine
et Maen dans Parva Maen («Petit Maine»). Il est probable aussi
que Maine provienne d’un terme maritime: «the Main» (en français:
«principal») issu de Main Land («terre principale») écrit «Meyne» ou
«Mainland» («le continent»), qui a servi pour distinguer la plus grande partie
de l’État (continent) par comparaison aux nombreuses îles du Sud-Est. En 1665,
les commissaires du roi ont ordonné que la «Province of Maine» soit inscrite
dans les registres officiels. Le terme de Maine aurait été conservé tel
quel jusqu’à aujourd’hui.
En 1658, le Maine fut annexé par l’État du
Massachusetts. À l’été de 1696, au cours de sa campagne navale, le Canadien
Pierre Le Moyne d’Iberville se rendit dans les installations acadiennes de
Pentagoët (aujourd’hui Castine) et du Fort Pemaquid (aujourd’hui Pemequid).
Le mouvement d’indépendance envers le
Massachusetts a débuté en 1785 environ, mais la séparation n’est devenue
effective qu’en 1819, le Maine intégrant l’Union le 15 mars 1820 et devenant
par là même le 23e État américain. Au terme d’une longue controverse
territoriale entre les États-Unis et la Grande-Bretagne concernant le Maine et
la province canadienne du Nouveau-Brunswick, la frontière de l’État fut
définitivement fixée lors du traité de
Webster-Ashburton en 1842. Ce traité mettait fin au conflit entre le
Canada et les États-Unis concernant la frontière entre les deux pays, mais
coupa en deux la communauté francophone du Nouveau-Brunswick: les Acadiens de
la rive droite de la rivière Saint-Jean devinrent citoyens américains, ceux de
la rive gauche, canadiens. À l’époque, beaucoup d’Acadiens se sentirent trahis
par les négociateurs britanniques qui devaient en principe représenter leurs
intérêts: les Britanniques furent accusés d’avoir trop cédé aux Américains. De
son côté, l’État du Maine n’avait récupéré que la moitié du territoire disputé.
Le Maine a connu une forte croissance économique
jusque dans les années 1860, fournissant le pays en bois de charpente, en
textile, en produits de la pêche et en construction navale. Il a par ailleurs
été le premier État américain à édicter une loi de prohibition en 1851. Après
la guerre de Sécession toutefois, l’émergence des navires en coque d’acier et
le départ de l’industrie textile hors de la Nouvelle-Angleterre ont contribué à
son déclin économique.

Au cours du XXe siècle, le Maine a
connu une langue période de récession après la Seconde Guerre mondiale. Les
années quatre-vingt ont, en revanche, été marquées par un retour à la
prospérité dans l’ensemble de la Nouvelle-Angleterre; c’est ainsi que l’État du
Maine est passé, entre 1980 et 1989, du 39e au 21e rang
national pour le revenu par habitant. Par ailleurs, au plan linguistique, on
assiste à une recrudescence du fait français dans le Maine. Ainsi, en 2002, l’État
a inauguré une journée annuelle franco-américaine au cours de laquelle le
serment du drapeau américain se fait en français; l’hymne national est
interprété en anglais et en français.
Source:
Département de Langues, linguistique et traduction Faculté des Lettres, Université
Laval, Québec (Québec), Canada
Žádné komentáře:
Okomentovat